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二胡 Erhu ou Er-Hu

En Chine, l’essor de l’er-hu est relativement récent dans l’histoire des arts bien que cet instrument figure parmi l’un des plus anciens du pays. De même qu’il occupait une place prépondérante dans les opéras et ensembles instrumentaux régionaux, sa popularité remonte dans les années vingt en réalité.


Sans doute marqués par des bouleversements politiques consécutifs à l’ingérence de l’Occident au XIXe siècle – guerres de l’opium qui ont ébranlé le pouvoir des Quing notamment - les dirigeants chinois se devaient de réagir pour traiter sur une même base d’échanges que les étrangers si bien qu’ils finirent par adopter leurs méthodes et leurs manières. Le milieu artistique s’en est trouvé affecté par conséquent et s’ouvrit plus largement aux couches populaires comme on le faisait déjà en Europe. Sortie de son carcan élitiste, la musique est devenue plus attractive dans le style et le jeu tout en favorisant un genre plus inventif dans l'écriture grâce au développement de concerts. Aussi peut-on voir de nos jours des partitions entièrement consacrées à l’er-hu et même des concertos ainsi que des pièces de musique de chambre dans le répertoire classique chinois.


Inventé il y a plus de mille ans, l’er-hu appartient à la famille des instruments à corde originaires de Mongolie et vraisemblablement d’Asie centrale au même titre que le morin Khuur à deux cordes. C’est une sorte de vièle à cordes frottées qui est apparue pour la première fois sous la dynastie Song (960-1279 apr. J.-C.) où il est appelé Hu ou Nan Hu qui signifie barbare et Qin pour instrument. Ces derniers vivaient sur la rive Nord du Fleuve Jaune et l’instrument à deux cordes (Er = deux) venant également de la même région, le nom d’er-hu était donc tout désigné pour l’identifier étymologiquement parlant.


Du reste, si certains ont pu lui trouver un ancêtre dans le Xi Qin - instrument frotté au moyen d'une plaquette de bambou passée entre les deux cordes mentionné en 1101 par Chen Yang dans son Livre de la musique ‘‘Yueshu’’ - utilisé dans les régions Nord et Ouest de la Chine, son expansion se poursuivit sous les dynasties Yuan (1279-1378) et plus largement sous les Ming (1368-1644) jusqu’au Quing (1644-1911) avec de constantes améliorations – modifications et techniques de fabrication - pour rendre l’instrument toujours plus performant. A ce titre, on peut citer l’artiste Liu Tian Hua qui est à l’origine de l’enseignement de l’er-hu par l’audace de ses innovations et compositions appelées ‘‘Les 10 compositions’’ puisque de nos jours encore son oeuvre est considérée comme un passage obligé pour prétendre maitriser cet instrument.

Dans sa forme aboutie après maintes évolutions au cours des siècles, l’erhu ressemble aujourd'hui à une caisse de résonance de forme hexagonale ou octogonale.

 

Fabriquée en bois de Hong Mu (bois rouge chinois plus communément appelé bois de rose) ou Nan Mu (bois léger et dur, odorant, de couleur assez claire appelé parfois cèdre blanc), ouverte au dos pour servir d’évent et recouverte d'une peau de boa sur sa face avant, elle est surmontée d'un manche au sommet duquel sont fixées deux chevilles verticales pour tenir deux cordes tendues en métal droit pour les aiguës et enroulées pour les graves jusqu'au bas de la caisse.

 

Dans une version légèrement plus grande et plus grave dans le registre, le Zhonghu comporte une table de résonance faite d'une calebasse ajourée au dos pour faire sortir le son ou encore d'une noix de coco bien que la table d'harmonie est généralement recouverte d'une peau animale pour amplifier le son. La taille de l’er-hu fait généralement 80 cm de long et il se joue appuyé sur les genoux du musicien en position assise.

 

 

Il faut préciser que la diversification de ses formes dans les années trente répondait en Chine à la volonté de rassembler, dans le cadre d’un mouvement général, les instruments en familles c’est-à-dire selon les critères occidentaux (soprano, alto, ténor et basse). Ainsi, les caisses de résonance ont été agrandies pour obtenir un meilleur volume sonore de manière à s’accorder avec l’acoustique des grandes salles de concert de même que la musique est écrite désormais sur un modèle symphonique idéalisé. Cette dernière devait étendre par la suite la taille des ensembles si bien qu’il en existe, aujourd’hui, pouvant atteindre de trois à dix fois celle des formations initiales.

Pour obtenir une note, il suffit de passer sur les cordes l'archet fait de bambou en écartant plus ou moins sa mèche en crin de cheval avec les quatre doigts de la main tout en prenant appui sur l'extrémité avec le pouce. L'autre main sert à presser les cordes avec les doigts pour faire varier la hauteur des notes qui peut aller jusqu'à cinq niveaux. Les techniques d'archet et les tempos joués peuvent être alors très variés allant d’un son langoureux, sautillant, allegro et même profond. Joué en solo ou accompagné, on peut le voir en formation aux côtés d’autres instruments à cordes frottées tels que le ban-hu, le jing-hu et le gao-hu.

L’er-hu est également employé dans les formations modernes où il côtoie sans complexe synthétiseurs et guitares électriques au même titre qu’un violon mais chinois. Présent dans toutes les cultures d’Asie, on le trouve sous différentes formes (pour la caisse de résonance notamment) et différents noms.

Au Vietnam, c’est le dan nhi, au Cambodge, on a le tro, au Laos, c’est le so, en Corée on joue du haegeum etc. Tous ces instruments ont pour ancêtre commun l’er-hu apporté par les colonies de marchands chinois et ce durant les siècles d’expansion de l’Empire du Milieu.

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Erhu solo

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