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Le Khoomii ᠬᠥᠭᠡᠮᠡᠢ ou chant de gorge


 

Littéralement pharynx pour sa signification, le Khoomii est un chant de gorge ancestral de type diphonique qui tient une place importante dans les cultures de la Haute Asie en matière de musique traditionnelle parmi les Mongols notamment, Touvas, Khakashs, Bachkirs, Altaïns et les Tibétains bien qu’on peut voir des pratiques en Europe chez les Sardes d’Italie, voire en Afrique avec les Xhosas, sans oublier les Rajasthanais d’Inde pour ce qui est de l’Asie.

Il serait par ailleurs originaire de la région de Khovd dans les montagnes de l’Altaï (Ouest de la Mongolie) même si le Khoomii n’est qu’une variante du chant diphonique pratiqué un peu partout dans le monde. Pour autant, il se distingue par une technique particulière permettant de produire plusieurs notes simultanément et ce, par la combinaison de divers types de voix et positionnement de la langue ou des lèvres.

Aussi, la pratique du Khoomii est-elle exigeante dans la mesure où l’interprète se doit de maîtriser parfaitement ses différents organes buccaux - pharynx, cavité et cordes vocales, langue, lèvres, cavité nasale – pour produire des sons de fréquences harmoniques variables - jusqu'à plus de quarante pour former une mélodie à deux voire même trois voix selon la technique touvine notamment - censé évoquer l’écoulement de l’eau, le souffle du vent, l’écho des montagnes, le grondement du tonnerre, le chant des oiseaux (appelé chakkur) où du moins tout ce qui peut rappeler son environnement naturel de nomade.

Très proche du Khoomii pour le bourdon continu et profond qu’il fournit, on lui associe souvent la guimbarde qui émet également un son de fréquence variable et assimilable à des voix différentes voire à un chant ou un contre-chant. Aujourd’hui, le Khoomii n’est plus réservé aux cérémonies chamaniques exclusivement et bien qu’il s’inspire du chant des oiseaux dont les esprits occupent une place centrale dans les pratiques, on peut l’entendre également au cours des festivités officielles ou privées. Le Khöömei est également pratiqué par les bergers qui font paître leurs troupeaux et à l’intérieur de la yourte pour bercer les bébés outre de n’être transmis qu’oralement de maître à disciples pour ainsi dire et toujours selon les traditions ancestrales.

Du reste, le khoomii se décline en six genres qui se distinguent au niveau de la technique utilisée à savoir : le xamryn xöömi (xöömi nasal),  bagalzuuryn xöömi (xöömi pharyngé), tseedznii xöömi (xöömi thoracique), kevliin xöömi (xöömi abdominal), xarkiraa xöömi (xöömi narratif avec un fondamental très grave) et isgerex (la voix de flûte dentale).

Notons par ailleurs que le khoomii et le chant diphonique, en général, auraient des vertus thérapeutiques selon des expériences pratiquées par des médecins et musiciens. Ces derniers pensent qu’il y a une relation entre musique et santé mentale ou physique et qu’à des fins thérapeutiques, le khoomii pourrait rétablir la concentration et l’équilibre psychologique de patients atteints de troubles mentaux.

En s’appuyant sur le phénomène de transe que connaissent les pratiquants du chamanisme et de chants tibétains - avec tous les effets bénéfiques que l’on pourrait en tirer - ce type de chant pourrait libérer un patient atteint de bégaiement, de troubles respiratoires, d’anxiété voire atténuer la fatigue ou une douleur physique durant un accouchement, par exemple, et de façon plus générale, apporter un bien être aussi bien sur le plan psychologique que physique.

Enfin, ce type de chant est inscrit depuis 2009 au patrimoine immatériel de l’humanité de l’UNESCO pour la Chine (Mongolie Intérieure) et depuis 2010 pour la République Populaire de Mongolie.

Pour terminer, voici ci dessous, un aperçu de cette technique vocale avec la grande artiste Uuriintoya, en compagnie de Modern twist Schurankhai, pour la chorégraphie dans ce titre intitulé ‘‘Shiree Lake’’.

Uuriintoya
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