Ker Asia Songs
Le Geomungo (거문고)
Beaucoup d’instruments anciens que l’on croyait tombés dans l’oubli ont été popularisés, ces derniers temps, grâce à des artistes passionnés d’un art nullement dépassé quand il s’agit de composition musicale élaborée et particulièrement subtile au regard de leurs sonorités délicates.
Sans doute moins connu à l’étranger que le gayageum (cithare à douze cordes), le geomungo reste pourtant,“l'aîné de tous les instruments” pour les Coréens non pour ses origines lointaines que son potentiel harmonique très étendu. Du reste, les amateurs de cette cithare étaient considérés comme des hommes de culture et aux goûts raffinés dans les temps anciens.
Geomungo ou Gŏmung plus exactement, signifie “instrument à cordes noires” car d’après une légende, une grue noire dansa au son de la musique quand Wang San-ak, son inventeur et premier ministre du royaume de Goguryeo (37 av. J.C. - 668 ap. J.C.), en a joué pour la première fois. L’origine de cette cithare est liée directement à un instrument chinois offert par la dynastie Xin au royaume coréen puisque qu’on y retrouve les mêmes caractéristiques techniques sauf que l’ancêtre, si on peut dire, disposait de sept cordes et que personne à la cour ne savaient en jouer avant sa modification par Wang San-ak.
L’instrument d’1,65 mètre est constitué d’une caisse de résonance en bois de paulownia et de châtaignier sur laquelle sont tendues six cordes en soie équipées de 16 frettes en bois dur (gwae) permettant un travail subtil sur le timbre. Les cordes sont pincées avec un plectre en forme de bâtonnet (suldae) et en bamboo permettant de reproduire aussi bien des sonorités douces et délicates que des attaques percussives. La main droite pince les cordes avec le bâtonnet et avec la gauche, on définit les tons en les pressant contre les gwae. Plus récemment, on est parvenu à obtenir des sonoritées plus variées en promenant un archet sur les cordes ou en les frappant avec la paume. Le Geomungo est généralement joué en position assise c’est-à-dire avec l’instrument posé à même le sol.
Instrument de cour par excellence, le geomungo a commencé à se populariser dans les chansons folkloriques à l’apogée de la dynastie Joseon (1392-1910), outre d’avoir tenu un rôle majeur dans la musique des lettrés.
Cette dernière est souvent inspirée par la nature tel un élément incontournable, une sorte de lien indéfectible des Coréens avec leur environnement immédiat et sublimé, pour ainsi dire, par cet instrument cher à leur coeur.