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Le Janggu   장고

Des instruments de percussion, le janggu est celui que l’on rencontre le plus souvent dans les musiques traditionnelles en Corée. Joué par des musiciens professionnels ou populaires, soit dans l’accompagnement d’ensembles ou de solistes voire d’un chanteur, on pouvait l’entendre à la cour comme en ville et même à la campagne tant sa polyvalence en fait un instrument incontournable pour ainsi dire.

 

Son rôle est de soutenir tous les autres instruments à cordes ou à vent en donnant, par la rythmique complexe qu’il produit, un appui précieux pour le relief qu’il procure outre le fait d’occuper une place prépondérante dans les partitions classiques et contemporaines à l’image des ensembles de percussions Samulnori. Du reste, le janggu a également développé, au cours du temps, un répertoire pour soliste démontrant toutes les possibilités dont il est capable par sa richesse harmonique spécifique.

 

Comme nombre d’instruments ayant traversé les âges, le janggu appartient donc à un passé lointain dont l’origine remonterait au milieu du premier siècle avant l’ère chrétienne, soit de la même période que le royaume de Goguryeo. Tout est-il qu’on peut le voir représenté sur une cloche appartenant à son rival d’alors, le royaume de Silla (57 avant JC.-935 après JC.) et dans les peintures murales des tombes de Goguryeo datant de la même époque. Hormis ces représentations picturales, les textes coréens les plus anciens attribuent au roi Munjong (1047-1084) de Goguryeo l’utilisation de l’instrument décrit comme ayant une forme de sablier et qu’il conservera jusqu’à nos jours.

 

Un autre texte mentionnant cet instrument et directement lié à l’histoire de Goryeo puisqu’il s’agit du Goryeo-sat (1451) - c’est-à-dire les annales du royaume - parle d’un don de vingt de ces instruments par la dynastie chinoise Song pour servir dans les banquets royaux de la cour en 1114 où pour la première fois, le mot janggu est apparu de même que le terme janggu-oppsa sera identifié dans un document coréen de 1076 pour désigner celui qui joue ou enseigne le janggu. Mais aussi ancien soit-il, certains historiens d’art voient dans le janggu une adaptation du yogo indien introduit en Corée par le biais de la Chine dans le royaume de Silla, appuyés en cela, par les motifs qu’on peut voir dans le temple de Gameun parmi les reliques en bronze de Bouddha dans la deuxième année du règne du roi Mun (682) et correspondant à la période d’unification de Silla.

 

Diversement orthographié, le janggu est aussi appelé janggo, changgo ou parfois seyogo (pour tambour à taille mince). Il en existe plusieurs variantes mais tous sont constitués d’un corps en forme de sablier creux et terminé aux extrémités par deux têtes recouvertes d’une peau animale d’épaisseur différente et censée représenter l’harmonie entre l’homme et la femme en raison de leurs sonorités distinctes tant dans leur dynamique que leur timbre.

L’usage voudrait qu’on utilise des peaux de vache, cheval ou de chamois pour obtenir des basses profondes sur le côté gauche du janggu tandis que les peaux de chien et d’une race chevaline particulière permettrait de produire un son plus élevé à l’autre extrémité. Utilisé d’abord dans les rites chamaniques appelés Salmunori et plus
diversement en Corée aujourd’hui, l’instrument peut être porté au niveau des hanches à l’aide d’une sangle d’épaule ou posé à même le sol – avec le musicien assis en tailleur - suivant le répertoire joué. Fabriqué à partir du peuplier et plus généralement du paulownia 
pour le corps, ses éléments constitutifs extérieurs se composent de porcelaine, tuile, gourde ou feuille étamée. Les peaux sont alors maintenus par un cerclage métallique et rendu
solidaires, grace à un jeu de cordes à contre-boucle. Quant aux tubes situés sur les deux côtés et appelés jorongmok, ils permettent de determiner selon leur diamètre la hauteur du son du plus profond au plus dur. De taille variable, le janggu dit de cour mesure jusqu’à 54cm de long pour 45 cm de diamètre à son extrémité.


Traditionnellement, un joueur va utiliser sa main pour frapper le côté gauche du janggu tandis que l’autre munie d’une baguette appelée yeolchae va faire résonner l’autre extrémité. Cet accessoire fait de bambou peut être complété de nos jours et simultanément par le gungchae qui est aussi une baguette mais en forme de maillet d’une longueur de onze pouces environ et muni à l’autre bout d’une boule en bois de bouleau ou de cerf. Ainsi, chaque type de frappes est également représenté par une onomatopée qui sert à mémoriser et à transmettre les phrases musicales. En créant une variété de rythmes et de sons en frappant les côtés de l’instrument, on associe donc le tempo à la dynamique par un jeu de pressions de manière à le moduler pour accompagner les autres instruments ou pour répondre, en solo, aux artistes de certains répertoires classiques comme le Pansori (récit chanté).


Incontournable dans le répertoire classique coréen, le janggu est également présent dans le Sinawi (improvisation musicale chamanique), le Samulnori (musique chamanique issue du pangut), pouvant être accompagné d'une danse transcendantale où les musiciens dansent en tournoyant, le Sanjo (style musical créé en 1890 par Kim Chang-Jo et comprenant notamment le gayageum comme seul instrument accompagné éventuellement du janggu).
S’il est populaire, notons qu’il est largement répandu en Asie également dont la Chine et plus particulièrement dans la province du Fujian sous le nom de zhanggu pour servir dans les danses traditionnelles de cette province.

 

 


 

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