Ker Asia Songs
Souvent désigné comme un orgue à bouche – du fait de sa physionomie et de la manière d’en jouer - le saenghwang appartient à la catégorie des instruments à vent comme d’autres dans la grande famille des instruments traditionnels coréens qui en compte plus d’une centaine.
Tombé en désuétude au début du XIXe siècle, mais pas dans l’oubli fort heureusement, le saenghwang n’est pas bien connu du grand public et même en Corée, aujourd’hui, alors qu’il jouissait autrefois d’une grande popularité – en Chine à l’époque des Trois Royaumes notamment - dans les musiques de chambre et souvent en combinaison avec des instruments comme la flûte verticale en bambou appelée danso et le tympanon ou yanggeum en coréen pour accompagner la poésie chantée.
De fait, si on peut l’apercevoir au détour d’un drama versé dans la reconstitution historique, bien peu de musiciens sont vraiment capables de maîtriser le saenghvang malgré les concerts classiques donnés essentiellement en Corée ces dernières années pour tenter de le promouvoir et notamment dans un contexte d’approche expérimentale au travers des groupes tels que Arirang Frontier et Orgasm ou les compositions de Sum, Miji pour ne citer que les formations les plus avant-gardistes.
Seul instrument coréen capable de produire trois notes simultanément, les sonorités du saenghwang sont aiguës du fait de sa constitution faite de 17 tubes en bambou de longueur différente et disposés en deux formes triangulaires pour symboliser les ailes repliées du phoenix. Sur ces tuyaux, se trouvent des trous permettant de moduler le son avec les doigts. Ces derniers sont dotés chacun d’une anche libre en métal - qui résonne aussi bien par inspiration que par expiration – et assemblés verticalement sur un petite calebasse constituée autrefois par une citrouille séchée. Mais en raison de sa détérioration rapide et un rendu sonore discutable, elle fut remplacé par du bois sous le règne du Roi Sejong (1418-1450) et couramment par du métal de nos jours.
Dérivé du Sheng (笙) son ancêtre chinois, au même titre que le shō (笙) japonais, le saenghwang est également appelé instrument céleste en raison du son assez caractéristique qu’il délivre. Si bien qu’on lui attribuait la capacité de reproduire les cris d’oiseaux avec un rien de mysticisme et de mystère qu’on se plaisait à l’entourer outre le fait qu’il était perçu dans le passé comme idéalement destiné à égayer la vie d’un ermite vivant dans les montagnes...