Certains titres pourraient passer pour gentillets si on ignore le contexte dans lequel ils ont été écrits. Au-delà des apparences, ''Don't worry my Dear'' n'est rien de moins qu'un pied de nez à la dictature qui sévissait en Corée du Sud sous le régime de Park Chung-hee puis de son successeur Chun Doo-Han.
C'est dire que les années 70 et 80 ont maintenu toute la jeunesse du pays sous une chape de plomb et rien n'est pire pour un artiste que d'être soumis à la censure ou de se retrouver en prison - pour des motifs futiles ou fabriqués - quand un gouvernement décide que la Pop Music pouvait nuire à l'unité nationale du pays.
Or, c'est sans compter sur la résistance d'une grande partie des Coréens et parmi eux, certains artistes dont Deulgulkhwa qui a joué un rôle déterminant et plus encore pour sortir le pays des ténèbres. Toute la musique rock et même la Kpop chère à beaucoup lui doivent, de fait, presque tout et si cela peut sembler impensable aujourd'hui, il faut savoir qu'à la fin des années 1980, les émissions de pop music transmises sur les chaînes de télévision étaient systématiquement accompagnées par des groupes de rock sur lesquels nous aurons l'occasion de revenir tant ils ont marqué l'histoire musicale de la Corée.
Mais avant d'en arriver là, il a fallu lutter par la force pour les étudiants notamment et plus subtilement pour ces artistes engagés au regard des risques qu'ils encouraient. Si le refrain de cette chanson se prête bien à des interprétations à l'unisson, il faut donc s'en méfier car c'est avec de la musique aussi que commencent les révolutions. Subversive et faussement gentille, ''Don't worry my dear'' est incontestablement une véritable chanson de lutte et s'il fallait s’inquiéter de quelque chose de nos jours, c'est quand un régime, quel qu'il soit, commence à s'en prendre aux artistes et à la jeunesse.
En attendant, écoutons !