De source tout à fait officielle et sans que cela soit nullement péjoratif, c'est une autochtone. Au même titre que les Pinuyumayan et les Peinan, elle fait partie de la tribu Puyuma qui peuple Taïwan bien avant l'arrivée des Chinois du continent ralliés en 1949 à la bannière nationaliste de Chiang Kai Chek, le fondateur de l'actuelle république. Bien que parlant la langue de ses ancêtres, elle pratique naturellement le mandarin et surtout la musique qui a baigné toute son enfance pour être également le ciment culturel de son peuple qu'elle soutient sur le plan artistique comme les autres groupes ethniques. A-Mit ou A-Mei et plus récemment Amit est un de ses nombreux noms de scène car l'artiste est chanteuse et auteur-compositeur depuis 1996 où elle s'est révélée au grand public grâce à l'album“Sisters” produit par Forward Music.
De son vrai nom, Zhang Hui-Mei est native de Beinan Township (comté de Taitung) situé dans les montagnes escarpées de l'est de Taïwan et la septième d'une famille de neuf enfants. C'est en 1992 que la chaîne Taiwan Television Enterprise va lui donner l'opportunité d'excercer son talent lors d'une compétition de chants qu'elle terminera d'ailleurs comme finaliste sans remporter hélas de trophée. Grâce aux encouragements de son père et à force de persévérence aussi elle remportera sa première victoire en 1994 mais vite endeuillée par la perte de celui qui l'a toujours soutenue dans les moments difficiles. Mais la voie est désormais tracée et la suite est une série de succès fulgurants qui va bientôt la propulser au devant de la scène taïwanaise comme une des artistes incontournables de la Cpop et Mandopop dans son pays et bientôt dans toute l'Asie.
Il faut tout de même signaler que la success story de la belle n'a pas toujours été sans heurts puisque que la carrière d'A-Mei a bien failli se briser nette à cause d'une controverse qui l'a tenue un temps à l’écart du showbiz pour avoir chanté en mai 2000 l'hymne national durant l'accession au pouvoir du président taïwanais Chen Shui-Bian. De fait, l'artiste a été boycottée du jour au lendemain au même titre que ses sponsors par tous les médias chinois du continent en prenant pour prétexte son soutien à une république rebelle que le pouvoir de Pékin peine toujours à reconnaître à ce jour… Mise à l'index plus fiasco financier de ses partenaires, il n'en faut pas plus pour faire disparaître n'importe qui et pourtant...
Écrite en 2012 par Ah Di Zai et dirigée par Bounce comme la plupart de ses chansons, “Rift” est bouclée en seulement trois heures non pas dans le fossé médiatique qu'elle connait trop bien mais dans les studios par une artiste qui en a vu d'autres et qui en veut, quitte à tout bousculer même les codes esthétiques et gare à celui qui ne joue pas son jeu (thème de la chanson).
A-Mei est une artiste que l'on aime bien pour ses partis pris artistiques audacieux et ce clip ne manquera sans doute pas de dérouter sur le plan visuel en tout cas car du reste comme nombre de ses réalisations, une seconde lecture s'impose souvent avant de pouvoir se prononcer sur sa démarche et le sens caché de certaines phrases… Prêts à descendre dans le fossé avec la belle ?