Cette chanson parlera sans doute au coeur de toute une génération de gens qui ont connu les affres de la guerre qui a conduit à la partition de la péninsule coréenne en deux pays antagonistes, Nord et Sud.
Séparées depuis 1953 par une frontière physique et idéologique, les deux Corée d'aujourd'hui sont toujours dans un face à face tendu et pour toutes les familles séparées brutalement des leurs aussi, il n'y a plus que l'espoir pour nourrir l'attente d'une réconciliation entre les ennemis d'hier dans des retrouvailles qui viendront un jour peut-être ou jamais...
Bien que poétique dans la forme, le texte écrit en 1992 par Kang San Eh évoque de fait une page douloureuse du peuple coréen vécue au travers des personnes qui ont vu leur vie réduite à néant. De leurs villages jusqu'à leurs amis, de même que leurs habitudes et finalement tout ce qui a constitué leur existence, elles ont tout perdu pour devenir du jour au lendemain des réfugiés déplacés dans de nouveaux pays appelés Corée du Nord ou du Sud.
“They said ou Raguyo” en coréen est directement inspiré dans son premier couplet d'une chanson de Kim Jeong (The tear soaked Dooman river) et dans le second de Hyun In (Be strong Keumsun!). L'une et l'autre parlent du sort de ces personnes dans leur lente agonie que l'on retrouve dans la trame de cette chanson faussement entraînante dans le style musical mais qui aborde sans détour ce moment tragique pour tout un peuple quelle que soit l'issue. Il suffit de bien écouter les paroles pour sentir poindre derrière la légèreté des mots tout le désespoir de ces gens qui n'ont plus que des souvenirs épars pour se raccrocher à la vie.
Du reste, il faut bien trois artistes de renom pour interpréter ce titre plein de mélancolie en la personne de Kang San Eh, l'auteur, Yoon Do Hyun qu'on ne présente plus et Kim Dae Won alias KimC sur le plateau de SBS. Pour ceux qui ne le connaissent pas, ce dernier est le chanteur et guitariste du groupe Hot Potato et quant aux autres sensibles aux beaux textes, c'est à notre ami Ediamah77 que nous le devons pour la traduction.
Maintenant place à la musique qui a l'art de rapprocher les peuples à défaut de pouvoir les réconcilier.